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Le biais d'auto-complaisance dans la création immédiate de connaissances, issue d'un échec
Notice Cairn | Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels - RIPCO | XX | 49 | 2013-09-16 | p. 233-260 | 2262-8401
| Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels - RIPCO | XX | 49 | 2013-09-16 | p. 233-260 | 2262-8401Langue du texte : Français
La presse managériale grand public souligne régulièrement les vertus positives de l’acquisition de connaissances par l’échec. Pourtant, malgré un intérêt grandissant pour cet axe de recherche toujours en phase d’émergence (Carmeli, 2007), la littérature en management n’a, jusqu’à présent, jamais permis d’étayer empiriquement cette thèse. Au contraire, les principaux travaux sur le sujet (Baumard et Starbuck, 2005 ; Cannon et Edmondson, 2005 ; Carmeli et Schaubroeck, 2008) nuancent très fortement le mythe de l’acquisition de connaissances par l’échec. Dans cette recherche, nous nous proposons donc d’étudier, en profondeur, une cause supposée de non acquisition de connaissances – en l’occurrence, le biais d’auto-complaisance (Miller et Ross, 1975) – et d’en vérifier l’existence sur le plan empirique. Plus encore, nous cherchons à étudier les liens entre l’auto-complaisance des individus et la performance de l’organisation. Nous nous interrogeons aussi sur la manière dont le biais d’intéressement dans l’attribution se manifeste dans la durée. Pour mener à bien cette réflexion, nous avons choisi d’étudier le discours des entraîneurs de football (Ligue 1), en conférence de presse, le soir d’une défaite, au cours de la saison 2010-2011. Il en ressort plusieurs résultats théoriques intéressants. Tout d’abord, l’existence d’un biais d’auto-complaisance n’est pas confirmée dans cet article. En outre, nous montrons que les individus les moins auto-complaisants ne sont pas ceux qui obtiennent in fine les meilleurs résultats sur le plan collectif. Enfin, nous soulignons l’importance du contexte social dans l’analyse rétrospective d’un échec. En revanche, nous mettons en évidence que l’accumulation d’échecs dans le temps et les situations de stress n’accentuent pas le biais égocentrique.. Self-serving bias in the immediate analysis of a failure: the case of Ligue 1’s coachesManagerial mainstream press regularly highlights the positive virtues of learning from failure. Despite a growing interest in this emerging field of research (Carmeli, 2007), the literature in management has so far not led to empirically support this thesis. Instead, the main works on this topic (Baumard et Starbuck, 2005 ; Cannon et Edmondson, 2005 ; Carmeli et Schaubroeck, 2008) have strongly nuanced the myth of learning from failure. In this research, we propose to study, in depth, a supposed cause of non-learning – the self-serving bias (Miller et Ross, 1975) – and to verify its existence empirically. Furthermore, we seek to explore the relationship between self-indulgence of individuals and the performance of the organization. We also study how this bias occurs over time. To this end, we chose to analyze the discourse of football coaches (Ligue 1), at a press conference on the evening of a defeat during the 2010-2011 season. Ultimately, our manuscript reveals several interesting theoretical results. First, the existence of a self-serving bias is not confirmed in this article. In addition, we show that the least self-indulgent people are not those who ultimately get the best results on the collective level. Finally, we emphasize the importance of social context in the retrospective analysis of a failure. In contrast, we show that the accumulation of failures in time and stressful situations do not increase the self-serving bias.