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S'individuer, s'émanciper, risquer un style (autour de Simondon)
Notice Cairn | Revue du MAUSS | 38 | 2 | 2011-11-01 | p. 397-412 | 1247-4819
| Revue du MAUSS | 38 | 2 | 2011-11-01 | p. 397-412 | 1247-4819Langue du texte : Français
On suppose trop souvent que les relations (appropriation, domination, libération...) viennent après la constitution des termes mis en rapport – sujets, objets, groupes. La pensée de « l’individuation » proposée par Gilbert Simondon permet d’échapper à ce substantialisme. Elle ne regarde pas les individus comme des donnés mais comme des dynamiques d’autoconstitution qui sont en relation permanente avec d’autres manières d’être, d’autres rythmes, d’autres gestes. Et les milieux dans lesquels ils agissent se présentent moins comme des contextes que comme des ensembles de dissonances, qui sont autant de réserves de devenir. On se donne ainsi les moyens de concevoir autrement les possibilités d’émancipation individuelle et collective : dans une situation de tension entre un « moment » de l’individu et du milieu, s’ouvre en effet l’espace d’une relation à soi où l’individu s’arrache au déjà fait, sort de ses limites, réélabore une manière d’être, réinvente les formes de son insertion dans le monde. . To individuate, emancipate oneself, to risk a style (around Simondon) It is commonly supposed that relations (of appropriation, domination, liberation...) come after the constitution of its terms – subjects, objects, groups. The theory of ‘individuation’ proposed by Gilbert Simondon avoids such substantialism. It does not consider individuals as given but rather as dynamic co-constructions permanently related to different ways of being, rythms and gestures, while the environments in which they act are not so much contexts as sets of dissonances which are as many reserves of becoming. Thus the possibilities of emancipation of both individuals and collectives can be recast : in the tension between individual and collective moments, a space opens for a relation to oneself in which the individual extracts himself from the already constituted, transcends his limits, re-elaborates a way of being, and reinvents the forms of his participation in the world.