Entretien de François Richard avec Julia Kristeva sur Dostoïevski face à la mort ou le sexe hanté du langage

Notice Cairn | Revue française de psychanalyse | 87 | 3 | 2023-04-06 | p. 731-744 | 0035-2942

| Revue française de psychanalyse | 87 | 3 | 2023-04-06 | p. 731-744 | 0035-2942

Kristeva, Julia | Richard, François

Langue du texte : Français

Julia Kristeva, répondant aux questions de François Richard, explique la genèse de son livre sur Dostoïevski, et, à partir de là, développe sa pensée aux frontières de la psychanalyse et de la littérature, s’inspirant de sa double expérience de romancière et de psychanalyste. Elle explore, avec une écriture intertextuelle, cette polyphonie où le moi dostoïevskien s’éparpille et se réunit autour d’un clivage complexe. Elle propose des hypothèses métapsychologiques novatrices sur la labilité et la mouvance d’une pluralité de clivages qui divisent et constituent l’être humain – sujet parlant – en deçà du refoulement, dans un bouillonnement sexuel infantile intriqué aux passions adultes. L’issue sera la sublimation, si on veut éviter le crime et la perversion, et juguler les crises épileptiques. Les processus sublimatoires du grand romancier sont éclairés dans leurs rapports à la religion orthodoxe où la soumission émotionnelle est requise, mais où en même temps est supposée une origine multiple et créatrice. S’ensuivent des réflexions sur notre actualité historique où l’Occident et la Russie se déchirent, ainsi qu’une invitation à écouter dans « l’érotisme sans organe » de la langue dostoïevskienne une solution pour notre xxie siècle gangrené par la déliaison et la pulsion de mort.. Julia Kristeva, responding to the questions of François Richard, explains the origin of her book on Dostoyevsky, and then goes on to develop her thinking at the frontiers of psychoanalysis and literature, drawing on her double experience as a novelist and psychoanalyst. Employing intertextual writing, she explores the polyphony in which the Dostoyevskian ego is scattered and reunited around a complex split. She proposes innovative metapsychological hypotheses on the lability and movement of a plurality of splits that divide and constitute the human being – the speaking subject – prior to repression, in an infantile sexual burgeoning entangled with adult passions. The solution is sublimation, if we want to avoid crime and perversion and curb epileptic seizures. The sublimatory processes of the great novelist are illuminated in their relationship to orthodox religion, where emotional submission is required, but where at the same time a multiple and creative origin is assumed. This is followed by reflections on our current historical situation, where the West and Russia are torn apart, as well as an invitation to listen to the “organless eroticism” of Dostoyevsk’s language as a solution for our 21st century, which is plagued by unbinding and the death drive.. Julia Kristeva, contesta a las preguntas de François Richard y explica la génesis de su libro sobre Dostoievski, y seguidamente desarrolla su pensamiento fronterizo con el psicoanálisis y la literatura, teniendo en cuenta su doble experiencia de novelista y de psicoanalista. A través de una escritura intertextual, ella explora la polifonía en donde el yo dostoievskiano se disgrega y se junta alrededor de una escisión compleja. Plantea dos hipótesis metasicológicas innovadoras sobre la labilidad y el movimiento de una pluralidad de escisiones que dividen y constituyen al ser humano – sujeto hablante– del lado de la represión, en la efervescencia sexual infantil intricada con las pasiones adultas. El cauce será la sublimación, si se quiere evitar el crimen y la perversión y yugular las crisis epilépticas. Los procesos sublimatorios del gran novelista son explicitados en sus relaciones con la religión ortodoxa en el que la sumisión emocional es de rigor, pero al mismo tiempo se perfila un origen múltiple y creador. Se siguen algunas reflexiones sobre nuestra actualidad histórica en donde el Occidente y Rusia se desgarran y una invitación para escuchar en “el erotismo sin órgano” de la lengua dostoievskiana una solución para un siglo XXI gangrenado por la desligazón y la pulsión de muerte.

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